Tribune par Patrice Ulles, Président d’Easytis et Président de l’AFINEF
On parle beaucoup du « désamour du numérique éducatif » en France. Outils mal choisis, surcharge pour les enseignants, fracture numérique, manque de formation… et surtout un sentiment partagé : celui que le numérique à l’école a trop souvent été subi, rarement choisi.
Et si la solution passait par une approche radicalement différente ? Une approche transversale, inclusive : celle des STIAM. (Sciences, Technologie, Ingénierie, Arts et Mathématiques) Pourquoi les STIAM peuvent changer la donne :
- Parce qu’on peut faire des STIAM sans numérique : c’est une approche qui ne dépend pas des écrans ou des plateformes. On peut construire un pont en papier, coder un robot en bois, modéliser une ville en carton… L’important, c’est la démarche : expérimenter, créer, collaborer.
- Parce que le numérique y est utilisé de façon modérée et vertueuse : il redevient un outil – au bon moment, pour les bonnes raisons. Pas un objectif. Pas une injonction.
- Parce que cela remet l’enseignant au cœur du dispositif : les STIAM valorisent l’expertise pédagogique, la créativité, l’accompagnement. On ne délègue pas à une IA ou à une appli ce que seul un enseignant peut transmettre : du sens, de l’élan, du lien.
- Parce qu’une pratique non genrée des STIAM, dès la maternelle, lutte contre les stéréotypes : filles et garçons manipulent, expérimentent, codent, construisent – sans a priori. On plante les graines d’une culture scientifique et technique égalitaire, bien avant que les inégalités ne s’installent.
- Et surtout, parce que nous n’avons plus le choix.
Nos enfants auront besoin de nouvelles compétences pour s’épanouir dans un monde complexe, technologique, en mutation permanente.
Les STIAM ne forment pas que des ingénieurs ou des scientifiques. Ils forment des citoyens éclairés, créatifs, capables de comprendre et transformer leur environnement. Il est temps d’agir. Pas avec des slogans ou des tableaux Excel, mais avec une vision.
Les STIAM peuvent réenchanter l’école, redonner du sens au numérique, et préparer les jeunes générations aux grands défis de demain.
Patrice Ulles, Président d’Easytis et Président de l’AFINEF