Axel jean, DNE sur l’I.A. , on n’apprend jamais mieux qu’entre humains

INTERVIEW 🎙️ En cette rentrée 2025, de nombreux sujets vont être irrigués par les sujets d’intelligence artificielle. Axel jean chef de bureau innovation numérique et recherche appliquée à la Direction du Numérique pour l’Education en évoque juste quelques-uns. Le premier, c’est qu’on dispose enfin d’un cadre d’usage de l’I.A.en éducation !

L’intelligence artificielle fait sa grande entrée à l’école. Et cette fois, ce n’est pas un effet d’annonce : depuis juin 2025, un cadre officiel encadre son usage en classe. Résultat d’une vaste consultation – enseignants, personnels de direction, inspecteurs, élèves, chercheurs et comité éthique de la CNIL – ce document trace une feuille de route claire.

« On a posé les attendus juridiques, éthiques et démocratiques, mais aussi les limites très concrètes de ce qu’on peut faire ou ne pas faire avec l’IA », explique Axel Jean, chef de bureau innovation numérique et recherche appliquée à la Direction du Numérique pour l’Éducation (DNE).

L’IA à l’école : oui, mais avec des garde-fous !

Premier message fort : les enseignants sont aux commandes. « On vous fait confiance ! », insiste Axel Jean. Le ministère leur demande d’ouvrir le débat avec les élèves, notamment pour développer leur esprit critique face à des outils qui bouleversent déjà notre quotidien.

Deuxième signal : l’âge plancher. Pas d’accès libre aux IA génératives grand public avant la classe de 4e. « Avant, les élèves n’ont pas la maturité suffisante. Mais à l’initiative du professeur, certaines expérimentations encadrées sont possibles », précise-t-il.

L’objectif ? Former des citoyens éclairés, capables de comprendre et de questionner ces technologies, plutôt que de simples consommateurs.

Former les élèves… et aussi les professeurs

Le cadre d’usage ne suffit pas : il faut l’accompagner. Côté enseignants, inspecteurs et personnels de direction, le défi est immense. « Jamais on n’a connu un tel besoin de formation systémique », reconnaît Axel Jean.

Dès cette année, un parcours inédit baptisé PIX I.A. sera testé en 4e, 2nde et CAP. Objectif : donner aux élèves des bases solides, y compris sur l’IA générative. Le dispositif sera généralisé en janvier 2026. En parallèle, des formations vont irriguer l’ensemble de la communauté éducative pour « doter chacun d’un premier bagage solide ».

On n’apprend jamais mieux qu’entre humains

Au-delà des outils, le ministère rappelle une conviction : l’IA restera un assistant, jamais un remplaçant. « Très clairement, ce qui est premier, c’est la relation entre humains », insiste Axel Jean.

Un professeur reste maître du choix des outils, de leur usage en classe et de l’évaluation. L’I.A. peut soutenir, différencier, personnaliser… mais toujours sous contrôle humain. « Ce n’est pas l’I.A. qui évalue à la place du professeur », martèle-t-il.

La France veut ainsi tracer une voie singulière : ni copie du modèle américain, ni du modèle asiatique, mais une troisième voie, celle d’une IA raisonnée, pensée comme un soutien aux apprentissages.

« L’IA est un outil puissant, mais l’école forme des citoyens, pas des consommateurs. Et on est convaincus d’une chose : on n’apprend jamais mieux qu’entre humains », conclut Axel Jean.